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La coptox, encore pire que le botox

[Article paru le 18/04/13, sur mon blog Bas geek instinct – Les Inrocks : http://blogs.lesinrocks.com/basgeekinstinct/2012/04/18/la-coptox-encore-pire-que-le-botox/]

Si l’on ne présente plus le « botox » (toxine botulique), la « coptox » (toxique relationnelle) reste, en revanche, encore très méconnue.

Contraction de copine toxique, la « coptox » est pourtant est véritable fléau. A l’inverse du « botox », elle ne détend pas, mais au contraire crispe vos muscles faciaux, et accentue vos rides.

Avec la « coptox », le lien que nous qualifierons (tout de même) d’ »amical », se noue très vite. Trop d’ailleurs pour qu’il ne paraisse louche. A peine la connaissez-vous depuis une demi heure qu’elle vous appelle déjà par votre surnom. Celui dont seules vos vieilles copines de 30 ans connaissent l’origine inavouable. Fine stratège, chaleureuse et entreprenante, la « coptox » a multiplié les approches, et jouant habilement des coudes, a finalement su se hisser au rang des intimes.

Mais très vite, comme en matière de rencontre amoureuse, l’euphorie du coup de foudre amical, et l’exaltation de la nouveauté, ont fait place à la lassitude, quand ce n’est pas à la désillusion : c’est la phase de « redescente ». Car, oui… la « coptox » est bourrée de vices cachés, pour le moins rédhibitoires.

Véritable usine à soucis, la « coptox » a toujours deux ou trois problèmes sous le coude. Problèmes de boulot, de santé, d’argent, problèmes sentimentaux. Rappelez-vous, lorsque vous l’aviez rencontrée il y a de cela quelques années, elle était déjà en pleine rupture douloureuse avec ce type, qu’elle a d’ailleurs quitté encore une douzaine de fois depuis… mais avec qui elle est toujours. Récemment lorsqu’au détour d’une rue vous les aviez croisés, marchant main dans la main, vous aviez d’abord cru à une bouffée délirante, puis vous vous êtes dit que si chez eux c’était tendu, chez vous, à côté, c’était Beyrouth…

La « coptox » a tenté plusieurs fois de se suicider (en vous prévenant toujours avant). Mais comme chacun sait : « le pessimisme est humeur, l’optimisme volonté », et vous, vous savez que vous en avez assez de vous faire pomper votre énergie et plomber le moral.

Ne comptez pas non plus sur la « coptox » pour faire de nouvelles rencontres et élargir votre cercle relationnel. A ses côtés, votre horizon amical est bouché. Car si la « coptox » s’accroche autant à vous, c’est qu’elle n’a pas d’ami(e)s.  Seulement des rivales : sa boss, ses collègues de bureau, etc. toutes la jalousent. Son réseau social est un véritable sac de noeuds dont elle est à l’origine.

Narcissique, égocentrée et mégalo, la « coptox » a trouvé en vous son faire-valoir. Car en réalité, c’est elle qu’elle aime à travers vous. Manipulatrice autant qu’exclusive, la « coptox » fera tout pour vous maintenir dans cette relation passionnelle à sens unique, en s’arrangeant pour vous faire sentir reconnaissante et redevable : elle vous couvre ainsi de compliments et/ou de cadeaux. Ça, c’est au début…

Car beaucoup plus tard, quand elle sentira que vous lui échappez, sa stratégie sera au contraire de chercher à vous affaiblir et atteindre votre moral, en vous critiquant sur ce qui constitue les fondements même de votre personnalité intime : l’éducation de vos enfants par exemple, mais aussi votre rapport aux autres et en particulier aux hommes. Jouant d’ailleurs un double-jeu avec le vôtre, la « coptox » cherche avant tout à cliver.  Ainsi quand vous êtes seules, votre mec a tous les défauts, mais devant lui, elle se met à minauder comme une chatte devant une boîte de thon, histoire de lui faire comprendre ce dont elle est convaincue : il aurait pu avoir beaucoup mieux que vous (elle). Vous qui n’êtes pas jalouse en temps de paix, avec la « coptox » vous êtes sur le pied de guerre permanent. Il faut dire qu’elle pue la trahison a plein naseau. La garce.

La « coptox » est jusqu’au-boutiste. Elle s’attaque aux rares bulles d’oxygène qu’il vous reste : les activités que vous avez sans elle. Elle trouvera ainsi sympa de venir voir comment se passe votre cours de Salsa. Pas pour danser, elle a pas la tête à çà.  Vous devriez d’ailleurs avoir honte d’aller à votre cours quand-même. Et puis, elle a mal au dos, votre « coptox »… et le dos d’âne pris à pleine vitesse en voiture à l’aller-hypnotisée que vous étiez par la litanie de gérémiades de votre passagère – n’a  rien arrangé. La « coptox » n’a donc pas dansé, mais au retour dans la voiture, elle semble aller mieux et nous demande si nous avions remarqué à quel point le prof l’avait dévorée du regard ? « Non ». Nous étions bêtement concentrée sur notre « dile que no ». « Pas remarqué » ……… « Outch ! » Nous avons manqué de nous reprendre le même dos d’âne qu’à l’aller.

Maintenant, plus l’ombre d’un doute : cette relation que vous entretenez avec la « coptox » (ou plus exactement que la « coptox » entretient avec vous) non seulement ne vous apporte rien, mais en plus vous détruit. La seule perspective de passer une soirée avec elle, vous provoque spasmes intestinaux, poussée d’urticaire et sensation d’étouffement. Aussi, sans pour autant aller jusqu’à la rupture définitive, vous envisagez au moins de lever le pied, prendre une pause afin de renouveler votre air vital.  Mais à ce stade, il est déjà presque trop tard. C’était en amont qu’il fallait agir. Car là-maintenant-tout-de-suite, la « coptox » ne l’entend pas de cette oreille. Et plus vous chercherez a l’évincer en douceur, plus elle s’acharnera à vous rattirer dans ses filets.

Quelques psys se sont penchés sur le problème et ont développé une théorie, qui a permis l’élaboration d’une stratégie anti- »coptox ». Selon eux, une seule règle d’or en matière de « coptoxologie » : ARRETER DE SE JUSTIFIER. Cette attitude à adopter d’urgence, est la seule véritablement capable d’induire le processus de désaliénation dont votre « libération » dépend. Se justifier équivaut en effet, à accepter tacitement l’ascendant que notre interlocuteur a sur nous, en le laissant penser que nous nous sentons coupables de nos choix. Et plus on se justifie, plus on lui fournit de la « matière », dont il se servira plus tard pour tenter de nous déstabiliser, et nous contrôler davantage encore.

Cas pratique : « Tu sors boire un verre avec moi ce soir? »

Ne pas faire de réponses « ouvertes » :

– « Je reste à la maison car j’ai besoin de souffler. » (Réponse de la « coptox » : « toi, ça n’a pas l’air d’aller… tu as vraiment besoin de te changer les idées. Viens t’aérer avec moi »)

– « Je reste à la maison car entre le boulot et les mômes, on ne s’est pas fait une soirée ensemble avec mon mec depuis des semaines. » (Réponse de la « coptox » : « t’es en train de culpabiliser à cause de ton mec… tu as le droit de prendre du temps pour toi. Il ne serait pas jaloux de notre relation, par hasard ? »)

Faire au contraire une réponse fermée :

« Non,  je dine avec mon mec. » Point. Il  sera alors difficile à la « coptox » d’embrayer sur autre chose qu’un « ah… ». Au fond, on peut trouver une certaine analogie entre la « coptox » et la téléphonie : il  peut en effet s’avérer judicieux d’opter pour un forfait bloqué plutôt que limité, afin d’éviter que la « coptox » ne nous surconsomme, sinon ce n’est pas notre compte en banque qui explose, mais notre capital santé psychologique.

Politesse et cordialité dosée, oui. Empathie illimitée, certainement pas. Telles sont les règles élémentaires pour ne pas voir son espace vital réduit à peau de chagrin et se retrouver, malgré soi, à la tête d’un élevage de sangsues.

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